Alors que la France oscillait entre la 3ème et la 5ème place au tableau des médailles avant que l’athlétisme ne débute, nous savions tous que le plus dur restait à venir avec l’entrée en lice du sport olympique numéro 1. La première médaille Française de notre sport a mis du temps à arriver. A tel point que nous nous sommes pris à croire qu’elle viendrait d’un, ou même plusieurs, athlètes Néo-Aquitains.
A commencer par Clément Ducos (Bordeaux Etudiant Club) qui avait montré tellement d’aisance en série en abaissant officiellement son record en 47.69 sur 400m (chrono qu’il avait déjà sensiblement réalisé aux USA avant d’être disqualifié pour un mauvais franchissement de haies), en coupant son effort quelques mètres avant la ligne, comme un certain Karstern Warlhom placé à sa gauche (47.57).
On prend les mêmes et on recommence deux jours après en demi-finale avec le recordman du monde Norvégien en 47.67, et notre Bordelais en 47.85 sans relâcher son effort cette fois-ci. Et il ne valait mieux pas, car il Alison Dos Santos, un prétendant à la médaille, était sur ses talons à un dixième derrière lui. La médaille olympique paraissait alors accessible : si Clément peut battre le Brésilien Dos Santos, ne restent donc plus que les montres Karsten Warlhom et Ray Benjamin devant lui. A moins que Kyron MacMaster ne sorte du bois, mais il ne semblait moins en forme cette saison.
Questionné à ce sujet par un journaliste en zone mixte, le sociétaire du BEC lui répondit « j’y crois à la médaille. Je vous l’ai dit dès les séries. Mais j’aimerai bien que vous aussi ,vous y croyiez ! ». Le décor était planté pour la finale, dans un stade de France entièrement acquis à la cause de Clément. « Ducos, Ducos » pouvait-on entendre descendre des tribunes.
Parti rapidement, dans la foulée de Warlhom, Clément a malheureusement concédé du terrain sur la tête de course dans le deuxième virage, sans doute par manque de fraicheur. Au point de voir passer Dos Santos, qui s’était peut-être préservé lors des demi-finale… Mais alors que Clément avait compris que le podium se refusait à lui (classement final : Ray Benjamin, Karstern Warlhom et Alison Dos Santos), le nouvel espoir du 400m haies tricolores a su aller chercher les ressources pour reprendre la 4ème place à Macmaster, pourtant vice-champion de monde l’année dernière, en 47.76. La video des 120m derniers mètres.
A seulement 23 ans, et pour ses premiers grands championnats, Clément Ducos a pris date pour l’avenir. Il a également montré qu’il pouvait reproduire trois fois le même chrono, sans craquer. En prenant un peu d’expérience, peut-être pourra-t-il ramener le record de France (actuellement détenu par Stéphane Diagana en 47.37) en Nouvelle-Aquitaine. Il a bien gagné 2 secondes en un an en partant s’entrainer aux États-Unis, alors tout est possible !
Si Clément Ducos a créé la surprise pour beaucoup de téléspectateurs, les espoirs de médailles étaient beaucoup plus concrets sur les épaules de Gabriel Tual (US Talence) : auteur du 5ème meilleur chrono de l’histoire sur 800m en 1.41.61 et titré champion d’Europe il y a quelques semaines à Rome.
A la différence du sprint, les courses qui précèdent les finales en demi-fond sont souvent courues de manière tactique. Que ce soit en série où il a fini premier (1.45.13), et en demie où il a pris une facile deuxième place (1.45.16), jamais Tual n’a paru en difficulté dans ces tours préliminaires. La finale, par contre, fut beaucoup moins tactique, à en juger par le chrono du vainqueur Emmanuel Wanyoni en 1.41.19. Troisième meilleur chrono de tous les temps !
Dans cette course que le nouveau champion olympique aura mené la course de bout en bout à la manière de David Rudisha, notre « Gabi » national avait choisi de placer son attaque au 500m. 80m plus loin, il était aux coudes à coudes avec le futur vainqueur du jour, avant de devoir se raviser à l’entrée du dernier virage. L’élève de Bernard Mossant était encore deuxième à 100m de la ligne, avant de rétrogradé jusqu’en 6ème place. Sans doute rattrapé par son effort produit un peu tôt. Facile à dire après course, il fallait bien tenter quelque chose ! A noter que l’Algérien Djamel Sedjati avait, lui, choisi la tactique inverse, en démarrant très tard. Il a finalement payé son choix en laissant s’échapper la victoire (3ème) alors qu’il était favori.
Mais dans quel monde termine-t-on 6ème d’une finale internationale en 1.42.14 (à une demi-seconde seulement de son record, malgré deux courses dans les jambes) ?! Réponse : en finale des JO de Paris 2024, qui fut la plus dense de l’histoire avec les 4 premiers sous les 1.42, et les 7 premiers sous les 1.43 ! Une course déjà historique ! La vidéo de la fin de course.
Ryan Zézé (Stade Bordelais Athlétisme) et ses camarades du 4X100m ont sorti un gros chrono eux aussi. 37.81 en finale olympique, où Ryan été chargé de négocier le deuxième virage, participant à la 6ème place de la France. La video de la course. Il s’agit du deuxième meilleur chrono Français de tous les temps, à deux centièmes du record de France que détiennent encore Max Mornière, Daniel Sangouma, Jean-Charles Trouabal et Bruno Marie-Rose ! Un chrono qui leur avait permis de prendre le titre européen e en 1990 !
Pourquoi Ryan Zézé était aligné dans le deuxième virage ? Parce qu’il avait montré des belles aptitudes à virer sur 200m individuel quelques jours plus avant, que ce soit en série où il a réalisé 20.49 en sortant pratiquement en tête du virage aux côtés de Wayde Van Niekerk (recordman du monde du 400m), ou en repêchage où il sauvé sa peau en 20.40 malgré un petit craquage à 50m de la l’arrivée. Ce fut un peu plus compliqué en demi-finale avec une 6ème place en 20 »81. Emoussé par ses deux courses précédentes.
Habituée à montrer ses émotions, Marie-Julie Bonnin (Stade Bordelais Athlétisme) n’a pas pu retenir ses larmes quand elle a compris que, malgré ses 4M40 passés en qualification, elle venait de valider son ticket pour la finale olympique du saut à la perche ! Ceci parceque personne n’était parvenue à passer les 4m70 demandés pour se qualifier directement en finale. Il a donc fallu redescendre jusqu’au 4m40 pour obtenir le quota de qualifiées en finale. Problème : 9 jeunes filles apparaissaient æquo en ayant passé 4m40 et toutes les barres précédentes au premier essai. Toutes furent donc qualifiées !
A l’orgueil, ‘MJ’ a ensuite été chercher une barre à 4m60 en finale. Histoire de ne pas finir sur cette performance en deçà de ses standards, et de prendre la 11ème place de ces JO !
Hugo Hay (Sèvre Bocage Athlétisme) est lui aussi passé par toutes les émotions. Celles de la bousculade dans la dernière ligne droite de sa série de 5000m, puis celle de la polémique, propre à notre société actuelle et à ses réseaux sociaux. Peut-être touché par cela, il a pris la 16ème place en finale du 5000m, en 13.26.71.
En difficulté avec la piste d’élan du sautoir en longueur, comme beaucoup d’autres athlètes, Ilionis Guillaume (Stade Bordelais Athlétisme) s’est classée 12ème en finale du triple saut avec 13,78 m (+0.0). Une nouvelle expérience emmagasinée pour la récente médaillée européenne. Tom Campagne (Stade Bordelais Athlétisme), qui arborait une crinière blonde pour l’occasion, a connu les mêmes difficultés en longueur, ce qui ne lui a pas permis de faire mieux que 7m51 en qualifications.
Enfin, Marousia Paré (US Talence) n’a pas eu la joie de courir dans le Stade de France. Le staff du 4X100m lui ayant préféré Chloé Galet qui avait abaissé son record de 11.41 en 11.11 sur 100m à Angers, face aux 11.29 de notre Talençaise de 28 ans qui a encore progressé cette année alors qu’elle entamait sa collaboration avec son nouvel entraineur. Le meilleur est peut-être à venir.
Le saviez vous ? Plus de 20 juges de la région officiaient lors des ces Jeux Olympiques. Découvrez en plus dans cet article.
Bastien Lacoste – lacoste.bastien24@yahoo.fr
Crédit photo : FFA
EXCELLENTS COMMENTAIRES
Bravo à l ‘ensemble des représentants juges et athlètes de la LANA