Habitant un temps la charmante ville de Capbreton, Michel Jazy était un peu Landais, au moins d’adoption. Celui qui a marqué toute une génération de passionnés d’athlétisme avec ses neufs records du monde, s’est est allé ce jeudi 1er février, à l’âge 87 ans. Originaire du Nord, et attaché à la région parisienne de par ses longues années passées au CA Montreuil, Michel Jazy était l’un de ces coureurs que l’on aimait voir courir. Foulées ample et élancée, à l’image de ce qu’il était dans la vie.
« Il parlait aux gens du peuple. Mais, en même temps, il avait une image presque aristocratique, en raison de l’opposition un peu artificielle qu’on avait bâtie entre lui et Michel Bernard. Bernard était censé être le gars pur et dur, qui venait de la mine et avait un physique un peu austère. Jazy, lui, était un joli garçon, assez coquet, plutôt beau gosse, avec une foulée belle et ample » confiait l’écrivain Philippe Delerm dans les colonnes d’Athlétisme Magazine.
Et les colonnes de presse, Michel Jazy les connaissait bien puisqu’il avait été embauché à mis temps par le journal l’Equipe. Le restant de son temps étant bien entendu consacré aux entrainements. C’était une époque où il était plus difficile de vivre de son sport.
Basculant du 1500m au 5000m, en passant par le mille, Jazy avait su conquérir le cœur des Français. La formule « Vas’y Jazy » devenant le pendant athlétique du bien connu « Aller PouPou » qui faisait référence au cycliste Raymond Poulidor, pour les plus jeunes qui liraient ces lignes.
Au cours de sa longue carrière, l’année 65 fut une année particulière avec de nombreuses tentatives de records du monde essayé par le favori de ces dames, très souvent avec succès, mais heureusement pas totalement (4ème des JO de Tokyo en 64) dans cette France qui aimaient se prendre d’affection pour les perdants magnifiques. Ils mangeront leur pain noir la même année avec l’arrivée d’Eddy Merks en cyclisme, surnommé le cannibale…
C’est juste un an après cette incroyable année que Michel Jazy a décidé de raccrocher les pointes, en sortant pas la grande porte. Une sortie d’autant plus réussie que la légende du demi-fond français s’est retirée sur un dernier record du monde, celui du 2000m.
« Je n’avais absolument pas en tête de battre ce record. C’était une idée mise en route par Jean Wadoux et Jean-Luc Salomon, qui ont décidé de partir sur un rythme effréné pour que je fasse mes adieux sur une grande performance. En voyant le chrono aux 1500 m, j’ai vu que c’était pas mal et je me suis lancé comme j’ai pu. Les 250 derniers mètres ont été très rapides… » expliquait celui qui venait d’écrire la dernière ligne de son palmarès sur la cendrée du stade de St Maur.
A cette époque, le rêve américain était déjà dans la tête de beaucoup d’Européens. C’est alors que lui est venu l’idée de s’attaquer au record du monde du mile, histoire de faire connaitre son nom outre-Atlantique. Chose faite à Rennes, le 09 juin 1965. Retour 60 ans en arrière avec la fin de cette course retransmises en direct :
Malgré ses titres de champion d’Europe et ses nombreux records du monde (2 en relais 7 en individuel), Michel Jazy avouera plus tard qu’il en aura bien échangé cinq contre un titre de champion olympique. Espérons que d’autres athlètes n’aient pas ce regret éternel l’été prochain, à Paris.
D’ici là, nous repenserons avec nostalgie aux incroyables émotions que nous aura fait vivre Michel Jazy. La Ligue Athlétisme Nouvelle Aquitaine adresse toutes ses pensées aux proches de Michel, et à tous ceux qui l’ont aimé.
Bastien Lacoste – lacoste.bastien24@yahoo.fr