Après un premier article de « nos lienciés ont du talent » avec un Mook dédié au running sous différents aspects, nous revenons avec un roman.

Celui de Benoît RICHARD (Grand Angoulême Athlétisme), spécialiste, lui aussi, du running (41 »52 sur 10km, 1h28’52 sur semi-marathon et 3h22’56 » sur marathon) nous parle de ce que représente, pour lui l’athlétisme, le sport et ce que ça lui procure.

Il sort son premier roman ‘initiatique », Du Gris et du Blanc, l’histoire d’un jeune vigile dont nous laissons Benoît vous en décrire l’idée principale.

LANA : Vous venez de sortir votre premier roman « Du gris et du blanc », comment vous est venue l’idée de ce dernier ? 

Benoît : L’étincelle initiatrice est un atelier d’écriture. Le thème était « introduire le fantastique dans le quotidien ». Cela m’allait comme un gant ; d’un côté ma plume, très imagée, de l’autre un indécrottable besoin de décrire le réel.

Le personnage principal de la fiction bossait comme vigile dans une piscine municipale, où une sirène s’est retrouvée coincée tel un poisson dans l’eau. Dans mon roman, le bassin public s’est transformé en patinoire et la sirène en Requin Blanc.

Enfin, ou plutôt en amont d’un big bang, il faut de la matière explosive en grande quantité : mon conscient et inconscient de toutes mes rencontres et expériences, souvenirs, pensées, affects et sentiments.

LANA : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’histoire qui le compose ? 

Benoît : C’est un roman initiatique. Ben, le personnage principal, est un jeune vigile. C’est un job alimentaire dans un frigo géant, métaphore d’une patinoire. Il se trouve piégé sous un feu croisé : les relations compliquées entre les ados et adultes. Dans l’ennui, son imagination va trouver un terreau fertile. Apparait alors un requin blanc sous la glace : le début d’une riche aventure. Le roman aborde des thèmes de société actuels et forts : le social, l’empathie, le comportement des hommes et des femmes, du rapport à la nature, ect.

LANA : Vous êtes un jeune licencié d’athlétisme (depuis 2018), coureur de fond et de trail (1/2 marathon, marathon, 10km…), est-ce que la course à pied vous aide à écrire ? Inversement, est-ce que l’écriture vous aide dans vos courses ?

Benoît : Je ne sais pas encore si c’est le cas mais j’ai bon espoir que cela devienne. Je peux trouver des points communs entre les deux : l’auto-réalisation (dépassement de soi, augmenter le plaisir ou diminuer le déplaisir), la sociabilisation (professionnelle, amicale ou sentimentale) Mais la course à pied est une activité physique là où l’écriture est plus psychique. La CAP un sport et l’écriture un art. Attention, j’y vois une complémentarité. Absolument pas une opposition ou jugement de valeur. Je pense que les lecteurs de cette interview cochent déjà la case « CAP ». Je les laisse remplir de la manière qu’il leur convient la seconde.

Je peux cependant confesser une chose. Il m’est arrivé plusieurs fois, lors de CAP, de me questionner sur comment je pouvais transcrire ce que je ressentais. Comme je disais, l’auto-réalisation est un thème souvent traité. Ces athlètes franchissant des montagnes grattant le ciel ou endurant des souffrances inatteignables pour le commun des mortels. Quand la journaliste leur demande s’ils sont fous, ils répondent sagement : « Je suis vivant ». À la question du handicap, ils sourient : « Je suis libre ! ».

J’ai envie de rendre la CAP attrayante, aussi visible que lisible. « Il posa son pied entre deux souches » ou bien « Son pied s’enfonçait dans la boue». En toute sincérité, rien qu’entre nous, cela-vous donne-t-il envie de lire ? Probablement que non. Pourtant j’ai envie de réussir à terme dans cet exercice, dans mon futur littéraire.

Il m’arrive également de réfléchir à ce que je ressens comme émotions, quels sentiments ou souvenirs je ressasse durant la course. Est-ce que cela à un rapport avec mon niveau de force ou de moral. Bref la CAP n’agit pas mécaniquement sur l’écriture, mais elles s’inspirent grandement l’une d’elle.

LANA : Vous dites que votre roman est basé sur les relations et évolutions d’enfant à adulte. Peut-on faire des parallèles avec des courses aussi longues qu’un semi-marathon ou un marathon ? Début de la course (enfance), puis l’évolution vers l’arrivée (âge adulte voire la vieillesse) ? 

Benoît : On peut comparer effectivement les distances de CAP à des styles littéraires. Il est clair qu’un jeune préfèrera la fulgurance là où la personne mature favorisera la distance. J’écoute beaucoup mon coach (RINJONNEAU Alain). Il nous invite à profiter de son expérience et compétences. Hélas nous sommes d’éternels élèves et ne comprenons vraiment que quand il est trop tard. Cela me remémore cette autre leçon de prime à bord si enfantine et pourtant si adulte, que tout le monde a entendu : la fable du lièvre et de la tortue. Combien d’entre nous sommes en course sans le savoir ?

Il appartient à chacun d’aimer ou avoir d’autres préférences. Ses peurs et ses appréhensions également. Les épreuves reines ne sont pas des chiffres au hasard : quatrain, 5km, ballade, 10km, brève, semi, roman, marathon, pléiade sont l’expérimentation et transmissions de valeurs. Les hommes et les femmes valident des qualités, qu’elles soient esthétiques ou pragmatiques. Ils y apportent ou pas leur touche personnelle et en retire leur propre expérience. Le cerveau, c’est l’imagination. Nos pieds, les plumes du récit de la course de nos vies. Il y a des repères mais pas de règles. On prend ce dont on a envie, à l’âge qu’on a. Combien d’adultes retrouvent une seconde jeunesse, combien de fumeurs se sont mis à respirer en chaussant leurs chaussures de course ?

LANA : D’autres thématiques sont à l’ordre du jour de cet ouvrage. Le sens de la vie, trouver sa place, se construire. On se demande souvent, pendant une course, ce qu’on fait ici, pourquoi le fait-on. Peut-on, là aussi, faire des comparaisons ? 

Benoît : Pourquoi court-on ? Mais pourquoi déjà nos ancêtres ont décider de se redresser sur leurs deux pattes ? Parce qu’il y a un gain. Cela va de la survie dans la jungle au simple fait de briller, dans la société ou l’estime de soi. On court après le temps comme le rêve après le réel. Vice et versa. Écrire, c’est figer une pensée tel un coureur son temps dans son palmarès. Nous courrons dans nos brèves vies comme des phrases rajoutées malgré nous au long roman de l’histoire de l’humanité. Marcher a été le premier pas de l’homme moderne. Écrire, le second. Le corps et l’esprit travaillent et cogitent. Pourquoi court-on ? Parce que nous en avons la possibilité et le plaisir. Parce qu’avancer, c’est vivre. Et que réussir, vaincre.

LANA : Pensez-vous que l’athlétisme (et le sport en général) peut permettre de répondre à toutes ces questions ? Pourquoi ?

Benoît : Le sport est une nécessité. On pourrait objecter que seule l’activité physique compte et que la compétition est triviale. Mais l’homme a besoin de motivation. Le sport apporte à la fois l’enjeu et la réalisation. Notre corps et notre système cérébrale, par leur synchronicité et symbiose, fabriquent dans la douleur par l’effort tout une série de récompenses physiologiques nous poussant vers l’avant. Je parle de dopamine, pour ce que j’en comprends. Donc le plaisir simple est un mécanisme naturellement complexe. Le sourire de la pratique d’une activité athlétique cache un mystère « Jocondien ». Nous sommes envoutés. Dans l’œuvre, il y a notre propre reflet. L’athlétisme permet de trouver son esprit corporel : le mouvement correspondant le mieux à notre nature. Je prêche un peu pour ma paroisse mais reste ouvert aux autres. Il y a des qualités inspirantes ailleurs.

Mon plaisir, c’est courir. Personnellement, je me retrouve plus dans Forest Gump que dans Usain Bolt. Cela ne m’empêche pas de souhaiter à toutes et à tous d’êtres les prochains Perec, Lavillenie, Sokhna Lacoste ou Kevin Meyer.

LANA : Où pouvons-nous trouver ce roman ?

Benoît : Pour le moment, vous trouverez « Du gris et du blanc » en dépôt vente à la libraire Cosmopolite, à Angoulême. Je vais contacter d’autres libraires dans le secteur afin de me rapprocher de vous. Et si j’aiguise votre curiosité, nous pouvons proposer l’idée de séance de dédicace. Les démonstrations et preuves de vitalités sont capitales pour impulser ma carrière d’écrivain.

LANA : Où suivre votre actualité afin de savoir quand sortiront vos prochains livres ?

Benoît : Via mes réseaux sociaux. Ajoutez-moi s’il vous plait.

Facebook : mesmots.rb

Instagram : mesmots_rb

internet : www.mesmotsrb.fr

C’est gratuit pour vous et conséquent pour moi ! Je vous souhaite une bonne fin de journée et qui sait, peut être à bientôt. Merci à Ligue d’Athlétisme Nouvelle-Aquitaine de m’avoir consacré du temps et donné de la visibilité. Je vous donne rendez-vous sur les trails et autres courses sur route !

Benoît RICHARD

Romancier

Merci à Benoît de nous avoir consacré du temps pour répondre à nos questions. 

Bonne route sur les différents chemins du Running mais aussi sur ceux de l’écriture! 

J.B