Nous ouvrons une nouvelle rubrique sous le nom de : « nos licenciés ont du talent ! ». 

En effet, nous avons voulu parler d’athlé et surtout de vous, nos licenciés, sous une forme différente. Au travers de vos talents en dehors des pistes, sautoirs, aires de lancer ou encore terrains de cross, Trails, de Marche Nordique ou du bitume. 

De façon originale, nous allons aborder différents sujets au travers de licenciés venant d’horizons différents. C’est une nouvelle façon de les mettre en valeur mais aussi de vous faire partager leur passion autre que notre sport. 

Nous commençons avec Quentin GUILLON (US Talence), journaliste indépendant dans le monde du sport pour l’Equipe, Sud Ouest, Lepapeinfo ou encore dans l’univers de la cuisine pour Omnivore.

Il est devenu co-rédacteur en chef du « Mook » Forrest, l »art de courir (avec esprit), une idée qui lui est venue en octobre 2020 avec plusieurs confrères. 

Portrait de ce demi-fondeur (14’46″46 sur 5000m), devenu fondeur (30’06 » sur 10km, perf N3) puis semi-marathonien (1h09’49 ») et enfin marathonien (2h24’56 », perf N4). 

LANA : Forrest est sorti après plusieurs mois de travail acharné, soulagé ?

Quentin : Oh que oui ! Un marathon mené au sprint, presque ! Mais c’est un peu cela quand même. La campagne de pré-commande nous a demandé beaucoup d’énergie : il fallait réfléchir à la stratégie, communiquer au mieux pour que la dynamique s’enclenche. Il nous fallait, à minima, 20 000 euros pour produire Forrest. Nous en avons eu 30 000, mais c’était juste, juste, au final. Il a fallu ensuite se concentrer très vite sur le contenu même du bouquin, avant les ultimes relectures. Nous étions tous très excités quand nous l’avons eu entre les mains. On ne se lasse pas de l’odeur du papier !

LANA : Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, peux-tu nous faire une rapide présentation de ce qu’est Forrest ?

Quentin : Nous cherchions à parler de la course à pied autrement, à faire quelque chose qui n’avait pas été fait auparavant. En trois heures de brainstorming à Lyon, mi-octobre, avec Joël Doux le directeur de la publication, et Baptiste Chassagne le co-rédacteur en chef, nous avions trouvé notre angle, la course à pied et les arts, et esquissé les contours du sommaire.

Nous avons sélectionné douze arts, reliés à chaque fois à la course à pied : architecture, cinéma, sculpture, jeux vidéo, photographie, musique, etc…

Un exemple ? L’affaire de l’empreinte carbone : nous retraçons, sous la forme d’une pièce de théâtre, l’apparition de la nouvelle chaussure carbone « magique ».

Forrest est un donc un Mook (contraction de « magazine » et « book) de 208 pages qui explore les arts et la course à pied, mis en musique par les formidables graphistes et illustrateurs du Studio Ellair ; nous souhaitions proposer un bel ouvrage que l’on garde dans sa bibliothèque.

LANA : Trouves-tu des similitudes entre ton parcours d’athlète et la création de ce « Mook » ou même de ton métier de journaliste ? 

Quentin : Oui ! La tâche peut sembler titanesque parfois. Plein de choses à faire, des dizaines de pages à remplir. Le marathon m’aide beaucoup dans ces moments-là : ne pas penser au résultat final, qui peut paraître impossible à atteindre, ou très difficile, mais se fixer des objectifs intermédiaires : se concentrer sur un article, puis le suivant, puis ensuite relire le papier d’un autre contributeur, etc… ; rallier le kilomètre 15, puis le semi, puis le 25, etc…Avancer comme cela.

Les doutes accompagnent presque chaque jour la construction d’un tel projet : est-on sur le bon chemin ? Les gens vont-ils adhérer à ce que l’on va proposer ? Va-t-on être à la hauteur ? Manque t-il des points fondamentaux ? Va-t-on parvenir à réaliser tous les sujets évoqués ? Va-t-on respecter la deadline ?

Il y a des hauts et des bas et il faut toujours se raccrocher à l’objectif initial.

Une autre similitude est l’excitation, l’adrénaline presque parfois, d’être à la hauteur de la confiance que nous ont donnée les 1 000 premiers contributeurs, sans qui rien l’aventure n’aurait été possible. Comme avant une grande course. Mais il faut savoir « gérer » cette excitation, ne pas partir trop vite pour ne pas exploser en plein vol : il fallait tenir quatre mois environ ! J’ai ressenti de la fatigue nerveuse sur les deux, trois dernières semaines. L’envie d’en finir, de voir le Mook entre les mains des lectrices et lecteurs. Mais il faut tenter de garder la tête froide dans ces moments-là et veiller aux derniers détails pour ne pas faire d’erreurs grossières !

LANA : Tu dis que Forrest est un « carnet de voyage ». Comment avez-vous défini les différentes étapes (sujets) du livre ? Comment les personnes rencontrées sur la route, pour les différentes interviews, ont-elles été choisies ?

Quentin : Nous avions esquissé un sommaire dès notre première réunion de travail, mi-octobre. C’était une conférence de rédaction, en fait. Nous avons fait plusieurs réunions, ensuite, très souvent en visio, pour finaliser ce sommaire.

Celui-ci était plutôt « facile » à établir : nous avons sélectionné les arts dont nous voulions parler, et il fallait ensuite trouver un voire deux sujets en relation avec la course à pied.

L’objectif était ensuite de tenter d’équilibrer les papiers entre chaque art : des interviews, des portraits (Christophe Lemaitre, Samir Benfarès), des sujets décalés (la pièce de théâtre sur le carbone, le sujet sur le peinture avec Robert Delaunay ; l’architecture d’un plan d’entraînement avec Laurence Vivier), des reportages (dans les pas de Serge Girard dans ses Tours du Monde, un portfolio), alternance entre des papiers longs (la foulée avec Pierre-Jean Vazel, Laurent Malisoux et Philippe Delerm) et d’autres plus courts (les interviews de Thierry Frémaux ou Cécile Coulon), des papiers historiques (Abebe Bikila), ne pas oublier un ton un peu décalé, une maquette surprenante (les illustrations de Romain Blais sur La Grande Course de Flanagan ; les photomontages des graphistes du Studio Ellair, etc…) ; que les lectrices et lecteurs apprennent des choses.

La période était un peu difficile avec le Covid. Si j’ai pu rencontrer Christophe Lemaitre chez lui à Aix-les-Bains, beaucoup de sujets se sont faits par téléphone. L’idée pour la suite est d’avoir un ou deux grands reportages « sur le terrain ».

LANA : Avec ton équipe, vous avez voulu aborder la course à pied autrement, au travers de l’art. Vous parlez de running (de la course sur route en passant par le trail) mais aussi de la piste (avec Pascal MARTINOT LAGARDE et Christophe LEMAITRE, notamment). Était-ce important, pour vous, de représenter tous les athlètes ?

Quentin : Oui tout à fait. Et toutes les courses à pied. Le sprint, c’est de la course à pied…mais très rapide !

On ne s’interdit rien. On ne se donne pas de limite. L’œil de Pascal Martinot-Lagarde sur la photographie peut inspirer des lectrices et lecteurs amatrices et amateurs de photographie. Christophe Lemaitre raconte avec une grande authenticité sa passion des jeux vidéo : en filigrane on devine certains traits et contours de sa personnalité. J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce portrait à travers les jeux vidéo.

De même qu’à interviewer Pierre-Jean Vazel : même s’il n’est pas estampillé « demi-fond » ou « fond », son œil, son regard, ses recherches apportent toujours des perspectives et des réflexions novatrices.

LANA : Si tu ne devais choisir qu’un seul art, lequel définirait le mieux notre sport, selon toi ?

Quentin : Ouch, sacrée question. Je dirais peut-être la littérature car les mots ont le pouvoir de créer un imaginaire particulier, de nous transporter dans des univers parfois au-delà du réel. Et c’est un grand plaisir de lire certains comptes-rendus de grands exploits athlétiques, ou d’histoires singulières. Peut-être aussi parce que j’adore écrire…et lire !

LANA : La relation entre l’art et le sport revient souvent. Les journalistes comparent souvent les meilleurs sportifs mondiaux à des « artistes ». On parle aussi de « beauté du geste », ou de « l’art de maîtriser sa discipline ». Cet ouvrage dédié à notre sport ne vous donne-t-il pas envie de creuser le sujet dans d’autres sports ? Forrest à la conquête d’autres sports ?

Quentin : Haha, très bonne réflexion qui fait justement écho aux discussions que nous avons en ce moment ! Oui, oui c’est dans les cartons ! Nous souhaitons d’abord réaliser un Forrest #2 et consolider notre modèle économique, qui s’appuie pour l’instant sur la pré-commande. Nous misons beaucoup sur les ventes en librairie, n’hésitez pas à parler à Forrest autour de vous ! 

LANA : A ce propos, pour celles et ceux qui seraient intéressé(e)s, où peut-on retrouver Forrest ?

Quentin : Chez vos libraires, depuis cette semaine !

Et toujours en commande sur notre boutique en ligne. Il arrive alors directement dans votre boîte aux lettres ! 

https://boutique.outdoor-editions.fr/home/306-forrest-l-art-de-courir.html

Quentin GUILLON

Rédacteur en chef et journaliste

Merci à Quentin de nous avoir accordé du temps pour cette interview. N’hésitez pas également à suivre son actualité et lire ses articles sur son site internet ici

Longue vie Forrest et cours ! 

J.B